Le milieu du cinéma français n'a jamais trop su comment traduire ni s'approprier le Blockbuster. Pas par défiance des anglicismes, mais sans doute par complexe culturel. Enfin ça, c'était avant que le grand public ne sature des films de superhéros, ouvrant une brèche pour un retour du héros à la française.
Et pourquoi pas alors aller piocher dans le creuset de la littérature populaire ? Après une tentative peu concluante avec un patapouf Les 3 mousquetaires l'an dernier, Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, qui l'avaient écrite, ont pris les choses en main pour réaliser une nouvelle version du Comte de Monte-Cristo. Alexandre Dumas ne se retournera pas dans sa tombe devant cette version tout en panache, updatant le classique patrimonial en récit de vengeance. Edmond Dantès y devient quasiment un personnage à la Bruce Wayne/Batman, justicier toxique par ses proches, dévoré par le masque de sa croisade personnelle. De La Patellière et Delaporte retournent eux aux valeurs d'un formidable cinéma de cape et d'épée à l'ancienne : pas de temps mort, des personnages pleinement incarnés par un casting uniformément impeccable et ne pas lésiner sur la direction artistique. Et si les bons « Comtes » font les bons amis, ce Monte-Cristo, évidente réussite, devrait rameuter dans les salles bon nombre de spectateurs.
Bande-annonce Les 3 mousquetaires
Bien qu'à l'opposé absolu en termes de budget et d'ampleur, Camping du lac cultive lui aussi un sens de l'épique. Les tribulations d'une jeune femme au gré de ses rencontres dans un camping breton où vivrait une créature millénaire parvient lui aussi à prendre le large. Avec trois bouts de ficelles, Eleonore Saintagnan tisse son monde, pour y faire se côtoyer, entre autres, légendes celtes et blues américain. Du cinéma façon histoires qu'on se raconte au coin d'un feu de camp. Minimaliste sur la forme, cette élégie du fantasque ravive la force des folklores comme autant d'inépuisables boîtes à contes et a des airs de baignade en eaux douces : une fois qu'on est dedans, aucune envie d'en sortir. Juste celle de se laisser flotter, porter par le puissant charme d'un film petit par la taille, grand par son imaginaire.
Le comte de Monte-Cristo / Camping du lac. En salles le 19 juin.